Je ne suis pas de ces filles
Qui aiment les hommes forts et virils
Ceux qui assurent sur toute la ligne
Ignorent le doute, Echappent au vide
Et je n’aime pas non plus ces hommes
Au costard trop bien taillé
Chez qui nul sentiment ne déborde
Parce qu’être pour eux, c’est maîtriser
Je ne suis pas de ces filles
Qui pensent que le chagrin
Est une faiblesse imbécile
Qu’aucun vrai mec n’en est atteint
Je ne suis qu’une de ces femmes
Qui ne partage pas le monde en deux
Les cowboys, les vrais mâles
Les paumés, les peureux
Moi, j’aime les hommes un peu fragiles
Au regard souvent ténébreux
Qui difficilement se livrent
Mais ne jouent jamais de double jeu
Moi, j’aime ces hommes blessés, cassés
Usés sûrement par trop de peine
Bien plus honnêtes que les faux vrais
Qui se ramassent à la pelle
Moi, j’aime ces hommes maladroits
Qui trébuchent, font des faux pas
Qui se perdent même parfois
Cherchent dans un ailleurs ce qu’ils n’ont pas
A ceux-là j’aimerais hurler
Qu’ils ont raison d’être comme ça
Que faire semblant, simuler
C’est se mentir d’abord à soi
Je rêve de cet homme, cet homme là
Qui osera me livrer ses peurs
Parce qu’il aura perçu en moi
L’envie d’arracher sa douleur
Ensemble nous braverons la torpeur
Des lendemains dont on ne sait rien
Saurons que le pire comme le meilleur
Croiseront encore notre chemin
Mais unis nous seront vainqueurs
Car l’alliance de nos solitudes
Enverra s’exiler ailleurs
Ce poison, cette torture
L’insupportable conviction
De ne pas avoir trouvé sa place
L’échiquier avait déjà tous ses pions
Sur nous il a fait l’impasse.
Même à un âge avancé on peut rencontrer de ces hommes là, et en être émue.
RépondreSupprimerTrès beau ce poème.