jeudi 4 février 2010

Fragilité

Je ne suis pas de ces filles

Qui aiment les hommes forts et virils

Ceux qui assurent sur toute la ligne

Ignorent le doute, Echappent au vide

Et je n’aime pas non plus ces hommes

Au costard trop bien taillé

Chez qui nul sentiment ne déborde

Parce qu’être pour eux, c’est maîtriser

Je ne suis pas de ces filles

Qui pensent que le chagrin

Est une faiblesse imbécile

Qu’aucun vrai mec n’en est atteint

Je ne suis qu’une de ces femmes

Qui ne partage pas le monde en deux

Les cowboys, les vrais mâles

Les paumés, les peureux

Moi, j’aime les hommes un peu fragiles

Au regard souvent ténébreux

Qui difficilement se livrent

Mais ne jouent jamais de double jeu

Moi, j’aime ces hommes blessés, cassés

Usés sûrement par trop de peine

Bien plus honnêtes que les faux vrais

Qui se ramassent à la pelle

Moi, j’aime ces hommes maladroits

Qui trébuchent, font des faux pas

Qui se perdent même parfois

Cherchent dans un ailleurs ce qu’ils n’ont pas

A ceux-là j’aimerais hurler

Qu’ils ont raison d’être comme ça

Que faire semblant, simuler

C’est se mentir d’abord à soi

Je rêve de cet homme, cet homme là

Qui osera me livrer ses peurs

Parce qu’il aura perçu en moi

L’envie d’arracher sa douleur

Ensemble nous braverons la torpeur

Des lendemains dont on ne sait rien

Saurons que le pire comme le meilleur

Croiseront encore notre chemin

Mais unis nous seront vainqueurs

Car l’alliance de nos solitudes

Enverra s’exiler ailleurs

Ce poison, cette torture

L’insupportable conviction

De ne pas avoir trouvé sa place

L’échiquier avait déjà tous ses pions

Sur nous il a fait l’impasse.

1 commentaire:

  1. Même à un âge avancé on peut rencontrer de ces hommes là, et en être émue.
    Très beau ce poème.

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