vendredi 12 février 2010

Je vous aime

Le jour où l'on devient maman est certes le plus beau jour de sa vie... Mais pour moi et sûrement pour d'autres femmes, il fut l'instant où la panique la plus totale s'est emparée de tout mon être. La peur au ventre, l'angoisse, l'incapacité de se raisonner...bref à l'instant où je devais être à la hauteur, assurer, protéger, j'étais pour la première fois face à moi, à la responsabilité immense que j'avais prise neuf mois avant, sans avoir aucunement conscience de ce que signifiait ETRE MERE. Cette peur qui m' habitait depuis si longtemps sans comprendre pourquoi, s'est matérialisée, a pris tout son sens. L'importance de la vie. Plus rien n'avait véritablement d'intérêt... plus rien, excepté ce petit bout de moi. Alors me voilà submergée par une émotion, une vague de trop plein. Etrange instant où l'oxymore prend toute sa place, un trop plein de vide. Comment retituer à sa juste valeur le degré d'inquiétude qui m'inonde. Je suis responsable d'une vie en dehors de ma propre existence. J'ai l'impression étrange que mes veines ne contiennent plus le même sang. Le flux de liquide qui traverse mon corps me paraît palpable. J'ai froid, suis heureuse, comblée mais perdue. J'ai un élan d'amour qui sort de mon coeur sans que je ne puisse le contrôler... Je n'ai plus peur pour moi, j'ai peur pour elle. Ce petit rien mais plus que tout vient de quitter son cocon pour entrer sans bouclier dans le monde des hommes. Plus ne sera jamais comme avant.... Je ne suis pas prêtre... pas maintenant, pas encore... Il fallait y penser avant... Alors j'implore les Dieux, les puissants, je prie comme jamais, je supplie.... Protégez la... ma petite, ma poupée, mon enfant... oui mon enfant... c'est mon enfant. L'épée de damoclès cette fois est suspendue au dessus de ma tête et pour longtemps, pour toujours. Alors j'implore toujours plus fort, à genoux, que toute douleur, toute maladie, toute souffrance me soit adressée mais par pitié qu'elle épargne ma petite. Je vous donne tout, je prends tout mais je vous interdis de lui faire du mal... Les jours, les années ont passé, elle a 17 ans et j'ai toujours aussi peur pour elle... Mais l'amour ne se résume pas qu'à cela... la terreur qui vous ronge cohabite avec le bonheur... c'est sûrement la définition de la vie. Et puis malgré cette trouille qui vous colle à la peau, la confiance se fait plus forte, écrase quelques temps cette foutue trouille... Je l'élève du mieux que je peux, tente de ne jamais lui communiquer ma peur et fais confiance à la vie. Je ne serai pas l'héroïne de "l'Arrache Coeur" de Vian, Je n'érigerai pas de tours ou de barreaux autour d'elle pour mieux la protéger. Ma peur ne sera jamais sa prison. Aujourd'hui je suis fière oh oui fière parce que ma poupée devenue femme n'est pas rongée par l'angoisse... elle vit, regarde le monde bouger, s'ouvre aux expériences sans crainte mais sans témérité. Merci à toi parce que tu me réconfortes, parce que tu me renvoies une image de moi qui m'a été difficile à capturer... Dans tes yeux je vois, je lis enfin que j'ai su transmettre malgré toutes mes névroses, l'immense amour que je te porte. Et à vous deux mes petits chats, mon petit gars, ma petite princesse, numéro 1 et numéro 2, qui avaient envahis mon espace et qui m'avaient montré et démontré que l'on n'est jamais rodée, qu'être maman se réapprend à chaque fois, vous qui me démontrez que je suis aussi démunie malgré l'expérience... A vous deux mes trésors qui avaient réveillé de nouveau la panique en moi, qui avaient, malgré vous, empêché le bonheur total de m'habiter, parce qu'il ne trouvait pas sa place phagocité par cette torpeur incontrôlable... Putain je ne sais pas faire, je ne sais plus... Je panique...je les aime tellement, j'ai tellement peur pour eux... Maîtrise bordel... maîtrise... surmonte cette peur, laisse place au rôle qui t'incombe... Mais je ne joue pas, ces instants là ne sont pas de vulgaires scènes que l'on peut reprendre à l'infini... Coup de clap, action, ça tourne... Calme... Respire, fais de ton mieux... La peur ok mais fais une place à l'amour. Voilà ce que le vendredi inspire à une maman qui a laissé ses petits à leur papa...Et qui va compter les jours en attendant leur retour. Je vous aime et je vous dédie ce poème.

JE NE SAIS PAS

Je connais la colère qui gagne

Ceux à qui on annonce la nouvelle

Je sais comment la hargne

Coule après dans leurs veines

Je connais ces prières lancées

Même quand on ne croit pas

Ces portes d’églises poussées

Pour la toute première fois

Je sais trop bien les larmes

Qui coulent sur les joues

Les « je n’ai pas les armes »

Les « je ne tiendrai pas le coup »

Mais ne me demande pas

De t’expliquer pourquoi

Non, ne me demande pas

Parce que je ne sais pas

Je connais les visages creusés par la souffrance

Les yeux vidés d’espoir, trop remplis de détresse

Ceux qui te disent qu’il n’y a plus d’espérance

Et les regards perdus de celles et ceux qui restent

Je ne l’ai que trop vue cette douleur innommable

Chez ceux qui donnent tout mais qui ne peuvent rien

Et qui tombent à genoux quand vient l’insupportable

Ecrasés par leur inconsolable chagrin

Je l’ai trop entendu ce silence bruyant

Que laissent ceux qui ne sont plus

A ceux qui sont vivants

Et je connais aussi les remords qui hantent les pensées

Tous ces « j’ai eu tort » répétés par ceux qui sont restés

Mais ne me demande pas

de t’expliquer pourquoi

la vie c’est aussi ça

Oh non ne me demande pas

l’expliquer, je ne sais pas

Ne me demande pas

pourquoi la vie c'est aussi ça

Ne me demande pas

Maman ne sait pas

mm

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